La vie devait suivre son cours, c’était ce que Jaya conseillait à tout le monde, et pourtant elle-même avait du mal à passer à autre chose, à tourner la page, à ne penser à Charles plus qu’avec nostalgie et de ne plus souffrir, elle n’y arrivait pas, et pourtant c’était son rôle d’aider et de guider, elle était quelqu’un d’apprécier et son emploi allait dans ce sens.
C’était pour cela qu’elle n’avait pas cessé les consultations, qu’elle continuait comme elle pouvait à courir à droite et à gauche gardant son si joli sourire dans ce visage pâlit par le manque de sommeil.
Aujourd’hui elle devait se rendre à l’école primaire, elle avait peu de patients là-bas, elle en avait une en particulier, une qu’elle trouvait à la fois excentrique et adorable pour son âge. Une petite qu’elle avait vu grandir et évoluer, une petite dont elle connaissait à présent les souffrances et les espoirs et qui venait de découvrir le deuil dans sa famille.
Arrivant aux portes de l’école, Jaya fouillât dans son sac pour en sortir une montre dont l’un des bracelets d’attache était cassé et lu l’heure sur les fines aiguilles, elle était quelque peu en avance. Appuyant sur la sonnette, elle vit arriver toute claudiquante une des femmes de cantines qui la gratifiât d’un large sourire tandis qu’elle déverrouillait le portail. Un compliment sur sa coiffure et une embrassade plus tard, la vieille femme laissât Jaya s’enfoncer dans le long couloir qui l’a menait au réduit aux murs peint dans un bleu délavé qui lui servait de bureau ici.
La psychologue ne laissait aucun objet personnel dans ce lieu contrairement à son bureau à Sweetlove, ou elle avait amené plusieurs objets pouvait donner un aspect plus chaleureux et encourageant à la discussion. Ici ses armes étaient les feuilles et les feutres ainsi que la pâte à modelé, l’art chez les enfants en racontant souvent plus qu’un débit de paroles ininterrompus.
Jaya enleva son manteau, son écharpe tissée aux couleurs vives, sorti son agenda et son carnet, nota quelques rendez-vous, regarda par la fenêtre le temps gris et morne, l’automne arrivait.
Puis sonnât la fin des cours, et les couloirs se remplir d’enfants riant et chantant, tous plus bruyants les uns que les autres tandis qu’ils mettaient leurs manteaux et leurs bonnets, laissant leurs paroles éclater, profitant de cet espace de liberté entre deux cours d’orthographes. Jaya se redressa sur son siégé et sorti des feuilles et un pot remplit de feutres de tailles et de couleurs différentes, restes de plusieurs boites écumées par les élèves qu’elle avait eu au cours de ces dernières années.
La jeune femme rangea son agenda et son carnet, ferma son portable afin de ne pas être dérangée, elle qui trouvait bien commode ce moyen de communication, elle restait pourtant souvent estomaquée de voir le peu de considération qu’on pouvait avoir pour ses heures de travail, et que cela ne semblait déranger personne qu’elle dut interrompre un patient pour décrocher, au contraire bien souvent on lui reprochait de ne « jamais » répondre, ce qui était faux évidemment. Jaya ne répondait au téléphone que lorsqu’elle était disponible, et certes cela était rare, mais jamais elle n’avait laissé un message sans nouvelles, et oui elle passait son temps à s’excuser de son retard de réponse, le résultat de son éducation très certainement.
Un petit bruit se fit entendre à la porte, résonnant dans l’étroit espace du bureau. La psychologue observât la chaise vide qui se trouvait face à elle et qui allait bientôt abriter une douce présence, aussi rousse que l’automne.
Puis elle releva la tête et tout en affichant un sourire franc, elle s’adressa à la personne qui venait de frapper.
«
Entre Amy. »