Au clair de la Lune

This boy is on fire

Nous sentons l'alcool.

De là à me sentir enivré, j'en doute. Cependant, nul doute que l'alcool m'aide un tant soit peu dans cet entreprise qu'est le désir charnel. Cela fait deux ans que je n'ai rien fait. Ce n'est pas tant mais quand bien même, deux ans, ce n'est pas négligeable. Je pense que c'est pour cela que je brûle littéralement pour lui. Pendant deux longues années, je n'ai pas ressentis le moindre désire, ou alors, peut-être l'ai-je banni, mis de côté.

Ainsi le feu du désir m'emplis le corps et le coeur. Je me sens revivre, de mes cendres sort un nouvel homme. Je le savais, Yann m'a changé. D'une personne en stagnation, sans souhait ni gentillesse, je deviens ou redeviens un homme plein d'envie et de confiance.

Ses mains touches mes hanches. Je frissonne, de plaisir et non plus de honte. J'apprécie ses gestes et sa douceur. Il semble craindre que je le remballe. Je souris, mes lèvres toujours contre les siennes. Pour quelle raison aurais-je envie de le repousser ? Ses mains ne s'arrêtent cependant pas en si bon chemin. Elles saisissent mon T-shirt l'espace d'un instant et je me demande s'il va me l'enlever ou non.

Il semblerait que non. Il le lâche et défais ma ceinture. Je suis dans tous mes états et son nouveau baiser ne m'aide guère à garder la tête froide. Mes mains s'acrochent à son dos avec plus de violence que je ne souhaiterais. J'ai soudain une pensée pour les articles que je lui ai vendu, j'en rougirais si je n'étais pas autant exité par lui. Que compte-t-il donc me faire. Il me demande si je suis prêt pour une révolution. Sérieusement, appelle-t-il cela une révolution à cause de mon âge ? Je ris doucement contre son épaule.

- Nul besoin de parler de révolution. Ce n'est qu'un partage, pas une guerre.

Je ne sais guère qu'ajouter. Faut-il vraiment parler dans ce genre de situation ? Je n'en ai pas envie, de peur que quelque chose se brise. Je suis bien trop heureux dans ses bras. Des bras d'homme, qui me soutiennent et me font rêver. Oui, c'est un homme. Je n'ai pas choisis ce qu'il m'arrive. Il me plaît, n'est-ce pas le plus important. De toute manière, je ne suis pas croyant alors si je dois risquer l'enfer pour cela, qu'il en soit ainsi.

Mes mains se glissent sous son T-shirt et j'apprécie la chaleur de son dos contre mes mains. Cela fait si longtemps que je n'ai pas senti de la chaleur humaine contre moi. Je soupire de bonheur et je caresse son dos sans plus savoir ce que je fais. Doucement, une de mes mains se glisse en dessous de son pantalon. Ses fesses ont une légère toison de poil, j'ai envie de rire de moi et de mon désire.

Même ses ridicules poiles ne me donnent pas envie d'arrêter.

Yann, je suis sous ton charme.

Au clair de la Lune

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J'avais pas dit ce mot dans le sens d'une guerre. Genre c'était tout nouveau pour Jack quand même de faire ce genre de chose avec un mec. Pendant dix ans il était sortie avec une femme et se retrouvait en cet instant dans les bras d'un homme. Pour moi ça sonnait comme une révolution, ou une évolution tout court peut être. Une ouverture d'esprit peut être. Enfin je n'allai pas me plaindre de la tournure des évènements et Jack non plus ne s'en plaignait pas.

- C'est ça, nous allons énormément partager...

Soufflais je à mi-voix avec un sourire coquin sur les lèvres.

Le libraire avait clairement abandonné sa timidité sur le sexe puisque je sentais sa main caresser mon dos avant d'aller se perdre sur mes fesses. Je frissonnais de plaisir et me décidai à enfin débarrasser Jack de son pantalon, emportant le sous vêtement avec. La bête n'était plus caché, et son propriétaire ne pouvait plus nier que je ne lui faisais pas de l'effet. Il ne l'avait d'ailleurs jamais fait. Gardant le libraire collé contre moi, je l'obligeais à avancer avec moi vers le canapé. Il serait parfait pour nous accueillir, bien plus qu'une chaise. Par expérience, je savais que c'était loin d'être un meuble agréable pour ce genre de chose.
Je poussai gentiment Jack sur le canapé, la vision de cet homme à demi-nu me chauffait encore plus. Je ne pouvais attendre encore plus et me débarrai moi-même de mes vêtements, de TOUS mes vêtements. J'avais un beau corps alors j'allai pas le cacher. Malgré le fait que j'avais cessé de faire du saut en hauteur, j'avais conservé mes muscles et je continuais de l'entretenir, notamment avec mon boulot. J'étais professeur de sport et il n'y avait pas que les gosses qui courraient à mes cours.

Au clair de la Lune

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Yann baisse mon pantalon.

Dans d'autre condition, j'eusse pu être gêné mais actuellement, je ne le suis nullement. Sans aucun doute cependant que quand j'y repenserais, je le serais. Je me ressaisis assez rapidement, après tout, un stripteaser, cela en voit des choses durant son travail. Et pour l'instant, je ne vois rien d'ailleurs.

Lorsque Yann me pousse en direction du canapé, j'en profite pour faire définitivement glisser mes vêtements par terre. Je n'ai jamais pratiqué le sexe aussi sauvagement. Peut-être étais-je un peu trop vieux jeu ? Je ne le saurais probablement jamais. Il y a pourtant quelque chose d'assez dantesque à se sentir mené par le bout du nez, ou de la verge actuellement. Qui d'ailleurs est en contacte avec la sienne, si ce n'est le vêtement qui nous sépare.

Ainsi, je me retrouve assis sur mon canapé. Sans plus d'habit en bas qu'Adam, je l'observe et il semble faire de même. Ainsi, il n'en faut pas plus pour que le jeune homme se déshabille devant mes yeux inexpérimentés. Suis-je censé le trouver beau ? Je ne sais guère. Il m'est difficile d'apprécier ce corps qui se trouve devant moi. Jamais je n'ai été attiré par les hommes donc il m'est difficile de juger. Cependant, vu les regards assuré qu'il me lance, nul doute qu'il se trouve irrésistible.

Non, enfin oui. Je n'arrive pas à retenir le rire qui me saisit. Il n'en faut pas plus pour que je parte en éclat de rire, de plus en plus bruyant. J'en suis tellement désolé mais c'est plus fort que moi. Il est trop hilarant pour moi, l’Apollon du village.  À peine je repose le regard sur lui que mes rires reprennent de plus en plus fort. Le pauvre, il doit se sentir bien bête tout d'un coup. Mais je n'y peux rien. Tout est drôle entre nous. Même la taille de son phallus !

D'ailleurs, je crois que le mien commence à rapetisser de manière assez phénoménal. J'essuie la larme que j'ai au coin de l'oeil et reprend ma respiration tout doucement. C'est dure. Très dure. Je continue de le regarder et je ne sais guère que faire. J'ai vraiment envie de rire à nouveau.

Au clair de la Lune

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Alors que je pensais que nous allions enfin passer aux choses sérieuses Jack explosa de rire. Cette hilarité soudaine m'arrêta dans mon élan, et je le regardais en haussant un sourcil. Qu'est ce qu'il y avait de drôle ? Il avait pété un câble à cause de l'alcool, ou trop stressé ?
Ou c'était moi. Etant donné qu'il repartait dans un fou rire à chaque fois que Jack posait les yeux sur moi, c'était bien moi le clown de l'histoire. La réaction du libraire eu tôt fait de me refroidir et vexé je prenais mes habits avant d'aller m'enfermer à clé dans la salle de bain - en ayant préalablement chercher où elle se trouvait.
Je lui offrait gentiment ma compagnie et voilà comment j'étais remercié. J'étais vexé et aussi un peu en colère. C'était qu'un vieux con. J'étais pas prêt de retourner dans sa librairie. Je me rhabillais en pestant contre Jack. Rien à foutre si il était derrière la porte en train d'écouter. D'ailleurs puisqu'il était pas là pour le voir.
Je m'appuyais contre le meuble du lavabo et sortais une cigarette ainsi que mon briquet. J'avais bien besoin d'une clope pour calmer mes nerfs. Il avait osé rire dans une telle situation. Oh bien sur ça était déjà arrivé mais là il avait bien rigolé DE moi. Jack pouvait donc aller se faire foutre et continuer de pleurer sur sa veuve.
J'avais besoin de frapper quelqu'un ou quelque chose, mais j'allai pas m'en prendre au bien d'une maison. Donner des coups de pied dans des poubelles c'était pas grave, et ça faisait de l'emploi en plus chez les éboueurs.

Je regardais la fumée de la cigarette danser dans la pièce. Peut être que je devrais m'intéresser que aux gays et aux bisexuels de mon âge ou plus jeune que moi. Je ne savais même pas pourquoi il avait rit. Je jetais mon mégot dans les toilettes avant de tirer la chasse. Ca sentait quand même mais rien à foutre.

Je finissais par ouvrir la porte, et partie récupérer mon sac que j'avais laissé sur la table basse. Ah mes baskets aussi que j'enfilais sans un mot. J'étais encore tellement énervé que mon mal de genou me reprenais et je boitais légèrement mais rien à foutre.

- Si t'a rien à dire pour ta défense, je rentre chez moi. Là bas personne ne se fout de ma gueule au moins

Finissais je par dire en mettant la lanière de mon sac de sport sur mon épaule, prêt au départ. Mais on laissait toujours un mot aux accusés. C'était pas pour autant que je comptais lui pardonner. J'avais même plus envie de lui, tout était partie.

Au clair de la Lune

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Je crois que j'ai merdé.

Oui, je n'ai pas d'autre expression moins '' jeune '' que cela pour définir le sentiment qui s'empare de moi en cet instant. Le haussement de sourcil de sa part me signifie son incompréhension et je commence à me sentir mal à l'aise moi aussi. Je baisse le regard, pris de honte. Je l'entends ramasser ses vêtements et se déplacer vers la salle de bain. Je me prends la tête entre mes mains. Mais qu'ai-je donc fait ? Il prends quelques temps pour trouver la clef et s'empresse de s'enfermer à double tour. Lentement, je me lève et enfile à mon tour mon caleçon et mon pantalon. Je me dirige alors vers la salle de bain, dans le but de lui dire quelque chose.

Je n'arrive pas à savoir ce qui m'a pris. Peut-être était-ce l'adrénaline. Je m'en veux et cela me coûte de l'avouer. À bien y penser, ce n'est pas de Yann que je riais mais de moi-même. Et pourquoi donc ? Je n'en ai pas la moindre idée.

Je suis derrière la porte de la salle de bain, je ne sais pas quoi dire. Je me contente donc de poser ma tête contre la porte. Je l'entends jurer. Tout cela semble dirigé contre moi. J'ai la gorge nouée, j'ai envie de vomir. Même l'odeur pourtant bien visible de la cigarette n'arrive pas à me rendre en colère. Je le comprends. Comment aurais-je réagis à sa place. Certainement pas mieux, surtout avec mon caractère. Je m'éloigne de la porte et m'allume à mon tour une cigarette, chaque pas loin de lui me fait de la peine sans que je sache pourquoi. Je m'assieds sur le canapé avec ma cigarette et un cendrier. Je suis pitoyable.

Il sort de la salle de bain. Sans un mot, sans un regard, il s’empare de son sac et de ses chaussures. Alors qu'il est sur le point de partir, il s'adresse à moi. Je le sens fâché, je le sens vexé. Il boite. Cela me donne d'autant plus envie de le prendre dans mes bras. Dans un élan de tendresse que je ne me connais plus. Cela me trouble. Il y a un pas entre les sentiments et le sexe pourtant, il me semble énorme. Aurais-je passé cette limite ? Non... Cela ne se peut pas. Je voudrais me prendre la tête entre mes mains mais je me retiens. Assez d'absurde pendant cette soirée.

Je lui suis reconnaissant d'un sens de me laisser la parole. Même s'il cela aurait été probablement plus facile pour moi s'il était partit directement. Je n'aurais pas à m'expliquer alors, pas à me comprendre. J'aurais pu enfouir le tout quelque part, caché de tous. J'ai toujours le choix mais, ne serait-ce pas cruel ? Je déglutis et me lève doucement, j'écrase au passage ma cigarette dans le cendrier. Je le regarde dans les yeux, je me sens tellement désolé.

Je fais un pas vers lui, doucement. Puis un autre. Je ne m'arrête qu'à une distance acceptable de lui. Je déglutis à nouveau. Il est absurde lui aussi, il n'a plus de chez lui, pourquoi me dire le contraire. Il ne serait pas là si ce n'était pas le cas. J'ouvre la bouche mais rien n'en sors, que dire ? Que choisir ? Si je le retiens, d'un certain sens, cela signifierait que je le voudrais dans ma vie, d'une manière ou d'une autre. Mais si je le laisse partir... Il est probable que plus jamais il ne m'importune... J'ai la gorge noué et sèche. J'imagine un instant ces deux futurs.

J'ai peur. Peur de la vérité, de ce que je souhaite. Et lui, que souhaiterait-il ?

Je ferme les yeux, très fort. J'espère que tout aura disparu une fois que je les aurais ouvert. Malheureusement, ce n'est pas le cas. Je dois prendre une décision. La vie n'est que décision, tout le temps. Dois-je me brider ? Dois-je céder ? Je sens des larmes pondre au coins de mes yeux. Je n'en peux plus de cette vie. Voilà la réalité. Je n'en peux plus !

Je m'approche un peu plus et je baisse mon regard. Parfois, la force ne réside pas dans l'apparence mais bien dans l'acceptation de soi-même. C'est ce que me répétait toujours Sweety. Apprendre à s'accepter, apprendre toujours et encore. Je lui saisis le poignet avec force mais tendresse. Oui, je crois bien que je le veux auprès de moi. Je prends une grande respiration et lui parle, ma voix n'est guère stable.

- Excuse-moi... Ce n'était pas de toi que je riais mais de moi... Je... Je ne pensais jamais me sentir aussi bien. Je n'y croyais pas... Toi... Ici...

Je pousse un grand soupire, j'y ai mis toute mon énergie, toute la vérité que je pouvais trouver au fond que moi. Je me sens mieux à présent mais épuiser. J'espère que Yann entendra que mes propos sont vrai. Son poignet contre ma mains m'est tellement précieux. Je ne veux pas qu'il parte. Je ne veux pas être seul. Je lève doucement mes yeux afin de le regarder dans mes yeux.

Je ne sais pas s'il est beau selon les critère de beauté mais à mes yeux, il l'est. Oui, c'est indéniable.

- Restes... S'il te plaît... De plus, je sais que tu n'as pas d'endroit où aller. Restes ce soir... Et tout les autres soirs qui suivront jusqu'à ce que ta situation s’améliore. Pardonne-moi.

Ça y est. Je l'ai fait, j'ai de la peine à y croire mais je lui ai bien demander de rester avec moi et ce pour toujours. Non, ce n'est pas ce que j'ai dit mais bien ce que je pensais. Je l'apprécie, oui. Je n'ai pas envie de le savoir ailleurs. Je suis égoïste, n'en ai-je pas le droit ? J'aurais envie de me mettre dans ses bras mais tant qu'il ne me donne pas l'aval, je n'en ferais rien. Son poignet me réchauffe assez le coeur.

Au clair de la Lune

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Je ne m'attendais pas à ce genre de déclaration. J'avais l'impression que Jack me demandait carrément de vivre avec lui. Seulement c'était pas mon genre et même si il avait rit de lui même ça m'avait refroidie. A la base j'étais pas non plus chaud pour habiter avec quelqu'un. En plus il y avait trop de règles ici pour moi. Je pourrais pas descendre à la cuisine à chaque fois que j'aurai envie de m'en griller une.
Je sentais qu'il était sincère mais si j'étais honnête avec moi même, cette maison c'était pas moi. J'avais pris l'habitude de vivre dans un milieu moins propre, encrassé de mes propres saletés. J'avais pas envie de détruire le foyer de Jack. Ni son coeur qui souffrait déjà de la perte de sa femme.

- Je peux pas

Je retirai mon poignet de sa main. Il savait que j'avais pas de toit parce que c'était ce que lui avais raconté. Il m'avait cru alors que c'était totalement faux. J'étais venu là pour l'embêter pas pour qu'il finisse par s'attacher à un mec comme moi. J'étais loin d'être l'homme idéal pour une première fois, peut être côté sexe, mais pas pour l'option qui va avec.

- Et à vrai dire, je suis pas SDF et je suis même professeur de sport

Il m'avait d'ailleurs jamais demandé ce que je faisais dans la vie, sans doute parce qu'il avait pensé que j'étais chômeur. J'avais pas une bonne dégaine c'était certains, j'étais habillé comme un pingouins. Les survêtements c'étaient la vie.

- Et ce rire...je pense pas que je pourrai supporter ça si à chaque fois que je tente quelque chose tu t'esclaffe...T'es pas prêt, peut être que tu devrais commencer par regarder des pornos gays

Ce n'était qu'une suggestion, il n'était pas obligé de m'écouter.

Au clair de la Lune

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Il ne peut pas.

Bien sûr qu'il ne peut pas, quelle question stupide ! Qui voudrait d'un homme plus proche de la tombe que du berceau. Personne, et certainement pas lui. J'ai mal et je me sens bien bête, que pouvais-je donc espérer. Il n'y a eu que Sweetie pour s'intéresser à moi et c'était déjà un exploit. J'ai vraiment mal, mais je ne le montre pas. Il n'en vaut pas la peine. Il enlève le poignet de ma main, c'est une déchirure. Une déchirure douloureuse d'autant que je la trouve mal placé.

Mon visage reprend son apparence d’antan, celui que j'ai toujours aborder et qui me sied si bien. Un visage sans expression, sans émotion. Je n'aurais pas dû être aussi ouvert. Personne ne peut me comprendre, pourquoi chercher quelqu'un. Je me comprends très bien tout seul. Je n'ai rien à lui dire, je veux juste qu'il s'en aille et ce, le plus vite possible.

Il m'a mentit, parfait. Rien de mieux pour montrer qui est la bête. Je lui lance un regard plein de sarcasme. Mes lèvres se plissent en un mince sourire sans joie, plein d'ironie au contraire. Ainsi, il a un travail et une maison. Tant mieux pour lui. Je m'en fiche enfaîte, je m'en fiche tellement que j'ai envie de me retourner et de partir aller me coucher.

- Un travail ? N'est-ce pas magnifique...

Je m'ennuie. Je veux qu'il s'en aille et je ne me gêne pas de bailler. J'attends la suite, et c'est très ennuyant. Monsieur me donne des conseilles, que c'est hilarant. J'ai probablement pas loin du double de son âge. Qu'il ne vienne pas m'expliquer comment je suis censé vivre ma vie. La solitude me va très bien, une erreur de parcourt, cela peut arriver non ? Et vu sa manière d'être, je n'ai guère envie de faire ce qu'il me dit, si c'est pour lui ressembler. J'ai une bonne vie moi. Une très bonne vie.

- Si j'étais toi, je ne donnerais pas de conseil.

Je n'ai rien de plus à lui expliquer. De toute manière, à quoi bon. Je me dirige vers la porte et l'ouvre sans un regard pour lui. L'aire est vraiment froid, j'en suis heureux. S'il peut attraper la crève et mourir, cela m'arrangerait grandement. Quelques gouttes de pluie tombent et je prie pour qu'une averse se déclenche, ce ne serait pas rare par ici. Il peut souvent la nuit. Je me retourne vers l'être embarrassant qui est dans mon entrée. Il n'est pas encore partit. Devrai-je lui mettre un pied au fesse pour qu'il accélère ? Je commence à m'impatienter.

- Ne te gêne surtout pas pour y aller. Je commence à être fatigué.

C'est bien vrai. Je suis fatigué de ses interactions avec d'autre gens. Je pense que je vais prendre quelques vacances du genre humains. Qu'ils peuvent être affreusement prévisible et méprisable.

Au clair de la Lune

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Et bien visiblement le Jack qui me demandait de rester était rapidement passer aux oubliettes. A présent il ne masquait pas son agacement et baillait même devant moi. Tant mieux si il le prenait ainsi, même si c'était quand même blessant. Je lui avais menti mais c'était pas non plus comme si je lui avais raconté que mes parents étaient morts.
Il était plus vieux que moi et avait plus d'expérience, j'allai pas le nier. Mais pas en matière de relation avec des hommes. Ou alors il me le cachait. Mais bon j'allai pas faire le chieur.

- Comme tu voudras...

J'imaginais que je méritais cette indifférence, et celui qui avait dit qu'il ne me mettrait jamais à la porte venait de l'ouvrir. En quelque seconde tout avait changé. C'était probablement de ma faute, parce que j'avais choisi de le rejeter plutôt que de lui faire du mal, plus tard. C'était toujours comme ça. Suffisait de demander à mes ex.
Dehors il faisait froid, je pouvais sentir la fraîcheur et en plus il commençait à pleuvoir. Heureusement que j'avais ma voiture garé non loin.

- Je ne vais pas t'ennuyer plus longtemps

Je voudrais quand même le remercier pour la soirée, pour le repas mais vu comment il me mettait à la porte, je ravalais mes mots. D'ailleurs sans une parole de plus, je finissais par sortir. Le froid ne tardait pas à se faire sentir à travers mes vêtements, et la pluie n'aidait pas. Sans un regard en arrière je me mettais à courir vers le lieu où j'avais laissé mon véhicule.
Je rentrais à l'intérieur, posant mon sac sur le siège à côté avant de fermer les yeux. Le bruit de la pluie contre les vitres m'agaçait. J'étais contrarié et énervé. Contre moi-même, contre Jack. Surtout moi-même. Je fouillais dans mon sac pour en sortir un tube d'anti-douleurs, que j'obtenais grâce à un jeune dealers. J'avais une ordonnance, mais la prescription n'était pas assez forte.
Je trouvais une bouteille d'eau dans la portière et avala les comprimés.

Quelques minutes après je finissais par démarrer, conduisant en direction des Champs, de mon petit lit qui n'attendait que moi. J'étais fatigué par tout ça et je tentais d'arrêter de penser à Jack. Lui et sa stupide petite fenêtre de cuisine.

Au clair de la Lune

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Ça y est.

Il est partit.

Je ferme la porte dès qu'il la franchit. Je ne lui lance pas le moindre regard. Il n'en vaut pas la peine. Telle une litanie silencieuse, je la répète en boucle comme si cela suffirait à me convaincre. Il ne semble pas avoir apprécier mon changement d'attitude. Tant mieux. Je ferme à clef l'entrée et me retourne vers le salon. La table basse s'en va rencontrer le mur, ce n'est pas assez. Le canapé se renverse, ce n'est pas assez. Les assiettes se brisent, ce n'est pas assez. Avant même que je me reprenne, la majorité des affaires qui étaient à ma portée de main ne sont plus rien. Plus que des déchets bon à jeter à la poubelle. Comme moi.

Je me déteste et je déteste Yann. Je lui en veux d'être apparu dans ma vie. Je m'en veux d'avoir cru qu'il y aurait quelque chose entre nous. Qu'il puisse être présent dans ma vie. Je m'assieds au milieux du chaos qu'est ma maison à présent, je trouve le paquet de cigarette et m'allume une sèche comme ça. Jack est mort. Ou alors, peut-être n'ai-je plus été vivant depuis deux ans déjà et que je ne fais que de le réaliser. Ma cigarette est mouillée. Je jette un oeil et je comprends, le sang coule le long de ma main. Étrangement, le fait de voire la blessure m'apporte la douleur qui jusque là n'existait pas. J'ai mal. Je m'en fiche. Le trou béant au milieu de mon torse est bien plus douloureux. J'ai un goût amer en bouche, le goût du rejet, du désespoir. La solitude me pèse bien plus que je ne me l'avoue. Yann m'a permis de m'en rendre compte mais de toute manière, nous ne nous reverrons probablement jamais. Il ne saura rien de cela, de ma colère et de mon désespoir.

Non, il ne gardera l'image que d'un homme froid, distant, d'un connard. Ce que je suis aux yeux de tout. Cela me va bien mieux ainsi.

Je souris.

Ma vie confortable n'est qu'un béant mensonge de coton anesthésiant. Je n'ai jamais aimé la décoration, c'est plus joli ainsi, cassé. Tout cela, c'était Sweetie, pas moi. Je ne suis pas un décorateur. J'écrase ma cigarette inutile contre un morceau de vase. Je me sens vide et c'est le coeur bien lourd que je me relève et que je vais me coucher. Je m'en fiche bien de savoir si ma main s'infecte ou si la coupure est profonde. On m'a envoyer chier, j'en fais de même. Pourquoi prendrais-je soin de moi ? Le sang coule sur le sol et j'imagine la tête d'un policier s'il devait entrer à l'instant, il penserait peut-être qu'il y a eu un meurtre. Si tout mon sang s'en va. Je ne serais plus ?

Je m'arrête au toilette, je vomis. Tout ressort. Je me dégoûte. Il ne restera plus rien de ce soir dans mon corps, pas la moindre particule. Je me couche dans mon lit et je repense à Sweetie. Elle me manque. Elle et son amour pour moi, le vieil aigri.